Afin d’introduire les soins de développement ou SDD, il est essentiel de préciser ce qu’ils représentent. Ainsi, « les soins de développement regroupent l’ensemble des techniques environnementales et comportementales dont le but est d’aider le développement harmonieux de l’enfant né avant terme ».
A partir des années 1985 et après la publication d’ouvrages, des normes environnementales concernant les unités de néonatologie en construction ou en rénovation sont apparues. La nécessité de modifier l’environnement des nouveau-nés prématurés est urgent afin de leur permettre de se développer harmonieusement. Ainsi, la prise en charge des prématurés a évolué tant du côté médical que technique et leur taux de survie a augmenté. Au début des années 2000, les soins de développement ont connu une grande émergence dans les unités de néonatologie. Certains ouvrages vont jusqu’à dire qu’ils correspondent à une réelle philosophie de soins.
De ce fait, les soins de développement disposent d’objectifs dont les soignants peuvent s’inspirer pour mettre en place les différentes stratégies. Les actions veilleront à « diminuer les stimulations inappropriées nocives (dystimulations), proposer des mesures permettant à l’enfant de maintenir une stabilité motrice et végétative, proposer des stimulations sensorielles non douloureuses (toucher, massage, parole), adapter l’environnement, organiser les soins centrés sur l’enfant et favoriser la présence et la participation des parents ».
Ainsi, les soignants travaillent sur la limitation du bruit, la limitation de la lumière et la réorganisation de l’espace afin de faciliter la présence des parents.
Tout d’abord, nous savons que le fœtus réagit aux sons à partir de la 20ème SA. In-utero, le liquide amniotique protège le fœtus du bruit. Or, au sein des unités de néonatologie, le bruit des alarmes des différentes machines, de l’ouverture des hublots de l’incubateur, de la visite médicale et de l’ambiance générale dans la pièce, place le prématuré dans un environnement bruyant. L’OMS pose une limite de bruit en terme d’intensité. Le bruit a des conséquences sur le nouveau-né telles que « des apnées, bradycardies, variation de la fréquence respiratoire et fréquence cardiaque ». Ainsi, pour réduire le niveau sonore il est préconisé de « diminuer le volume des alarmes, d’avoir des chambres individualisées si possible, mettre le téléphone des parents sur vibreur et/ou en mode avion ». Soignants et parents doivent modifier leur comportement en parlant à voix basse et en minimisant les gestes bruyants. Certaines unités ont mis en place une oreille géante permettant de mesurer les sons. Ce dispositif indique aux soignants l’intensité du bruit avec une couleur (vert, orange ou rouge).
De plus, la vue est un des cinq sens qui se développe le plus tard. La fonction visuelle est immature lors d’une naissance à terme ce qui signifie qu’un nouveau-né prématuré a une acuité visuelle peu fonctionnelle et une grande sensibilité à la lumière. In utero, les stimulations visuelles sont faibles contrairement aux unités de néonatologie où elles sont importantes.
De ce fait, il est recommandé que la lumière ambiante soit modulable. Les conséquences d’une exposition excessive à la lumière sont « la diminution de l’acuité visuelle, des paramètres physiologiques instables, une augmentation des périodes de sommeil agité, une perturbation du rythme circadien et de la sécrétion de l’hormone de croissance ». Pour réduire le niveau lumineux, il est possible de positionner des couvre-incubateur adaptés au développement de l’enfant, mettre un variateur de lumière, varier l’intensité jour/nuit, avoir un accès à la lumière du jour, mettre des lunettes de protection lors des séances de photothérapie.
La réorganisation des services de néonatologie permet aux parents d’être présent 24h/24 auprès de leur enfant. Les professionnelles ont travaillé sur la décoration du service pour amener de la convivialité. Une salle de repos et une pièce spécifique pour tirer le lait sont à leur disposition. Dans les unités kangourou, les parents sont présents en permanence. Ce concept de chambre parents-enfant permet au prématuré de s’adapter plus facilement à son environnement et à la luminosité.
En parallèle, les stratégies comportementales que les soignants intègrent à leur pratique portent sur l’enveloppement du nouveau-né, la formation de cocon, le positionnement en flexion de l’enfant, la succion non nutritive et la mise au sein précoce, le respect des rythmes veille/sommeil et le fractionnement des soins surtout pour les grands prématurés.
Ces différentes stratégies sont présentes pour soutenir l’enfant dans son développement durant son hospitalisation. Les manipulations que réalisent les soignants engendrent « des apnées, une hypoxie, des bradycardies et du stress » chez le nouveau-né prématuré. Ces conséquences impactent le sommeil et donc le développement de l’enfant. Il est important d’adopter ces stratégies comportementales pour améliorer le devenir des prématurés.
Ainsi, l’enveloppement des prématurés se fait par les mains des soignants, les mains des parents ou un lange. L’enfant a « les pieds contre pieds, les mains au visage et à la possibilité de s’agripper ». Ces éléments font qu’il est contenu conformément à la vie intra-utérine et donc rassuré. Chez le prématuré, il a été constaté un développement moteur satisfaisant et des détresses physiologiques amoindries. L’enveloppement peut être proposé pour les soins stressants comme le bain, la pesée, les changements de position, les étapes de transition (de l’incubateur au peau-à-peau sur un parent) et le couchage. Il maintient le nouveau-né en « position de flexion, en décubitus latérale et soutien son bassin ». Elle favorise « l’autorégulation et la stabilité physiologique ». L’enfant a la possibilité d’explorer son environnement sensoriellement. Afin de soutenir cette posture, les équipes réalisent des cocons grâce à des draps, qu’elles placent dans les incubateurs, sur les tables ou dans les berceaux.
La succion non nutritive est proposée comme technique non médicamenteuse utilisée lors de soins douloureux. Le soignant propose à la mère de mettre son enfant au sein ou à l’aide d’une tétine de lui donner quelques gouttes de solution sucrée. L’enfant se concentre sur la succion et non sur le soin douloureux. Ce type de succion est utile pour la mise en place de l’allaitement afin que le prématuré se familiarise avec le sein. Les bienfaits sont un « meilleur endormissement, une diminution des périodes d’agitation et de la durée de séjour ».
Par ailleurs, l’individualisation des soins est maintenant primordial pour la prise en charge d’un nouveau-né quel que soit son âge gestationnel. La tolérance aux soins est différente d’un enfant à l’autre. Il est important de les organiser en respectant le cycle veille/sommeil de l’enfant, de les fractionner ou de les regrouper, d’accorder des pauses et de réaliser les soins en binôme. L’enfant peut manifester « des apnées, des bradycardies et des désaturations, signes d’intolérance » devant être repérés par les professionnels de santé.
La charte européenne des droits de l’enfant hospitalisé de 1986 prévoit la place des parents auprès de leur enfant. Le développement des SDD dans les unités de néonatologie a provoqué une modification des comportements des soignants envers les parents. L’intégration des parents est aujourd’hui incontournable.
En plus des stratégies environnementales et comportementales, les SDD prévoient le soutien à la parentalité. Les soins prodigués autour du nouveau-né prématuré sont centrés sur lui mais également sur la famille. Les parents sont « corégulateurs » du développement de leur enfant grâce à leur implication précoce et leur présence. Ils deviennent des « partenaires » dans la prise en charge. Les soignants les éduquent sur les différents soins quotidiens à réaliser. C’est au sein de cette structure que le peau-à-peau se pratique. Les nombreuses heures passées avec lui font qu’ils apprennent à le connaître et à repérer ses besoins. Ils protègent son sommeil et soutiennent l’éveil du nouveau-né. La confiance des parents envers les soignants est optimisée. La durée de l’hospitalisation est ainsi réduite et le retour au domicile se fait dans la sérénité.
Pour finir, les SDD ont prouvé leur efficacité dans les unités de néonatologie. Ils permettent de réduire le stress du prématuré hospitalisé et de soutenir son développement. Au sein des services, les soins de développement peuvent s’insérer dans un programme de soins. Le NIDCAP est l’un de ces programmes reprenant les stratégies environnementales et comportementales que proposent les soins de développement.
Sources
SOS Préma. [En ligne]. Les soins de développement. [Consulté le 22 Mai 2019]. Disponible sur internet : <https://www.sosprema.com/page/177691-les-soins-de-developpement#SOSPREMA>
SIZUN J., RATYNSKI N., L’enfant né prématurément : Mieux le comprendre pour mieux le soutenir. Paris : L’Harmattan, 2013. 128p
Réseau Sécurité Naissance. [En ligne]. Les soins de développement en Néonatologie. 2012. [Consulté le 22 Mai 2019]. Disponible sur internet : <https://www.reseau-naissance.fr/data//mediashare/ok/vd0uktjmhh93spzw2oygkkb9utdo15-org.pdf >
APHP [En ligne]. La charte européenne des droits de l’enfant hospitalisé. [Consulté le 22 Mai 2019]. Disponible sur internet : <http://trousseau.aphp.fr/charte-europ-enfant-hospi/>